Il y a maintenant plus de six mois que l’aide publique française au développement a été suspendue au Mali. Cela a-t-il eu un impact sur le monde humanitaire ? Abdramane Niama Togora, Coordinateur national des sites de déplacés internes à la Direction nationale du Développement social répond à nos questions.
Quel est votre constat sur le fonctionnement des ONG humanitaires qui bénéficiaient de l’appui de la France depuis l’arrêt des financements de l’AFD au Mali ?
Suite à l’arrêt des activités des ONG qui opéraient sur financement français, nous avons tout de suite fait une évaluation et il s’est avéré qu’il y en avait à l’époque une vingtaine. Mais très peu opéraient dans le monde humanitaire, dans lequel nous évoluons. Il y avait des programmes dont les sources de financement étaient variées, donc, du coup nous n’avons pas constaté d’arrêt d’ONG qui avaient un financement français. D’autres partenaires financiers se sont proposés pour soutenir celles qui opéraient dans le monde humanitaire.
Quelle a été votre stratégie pour éviter tout impact ?
Après la décision, on a tenu une réunion rapidement avec OCHA, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Mali pour évaluer l’impact que cela pouvait avoir. Il s’est trouvé qu’il y avait très peu d’impact. Nous évoluons dans un système de clusters, c’est-à-dire si un acteur se trouve dans l’incapacité de soutenir une population malgré ses engagements, un autre acteur peut se positionner pour combler le vide. C’est avec ce système qu’on a vraiment pu soutenir les populations qui étaient dans le besoin suite à l’arrêt des financements français.
Quelles sont les ONG qui bénéficiaient de ces financements ?
Les financements étaient surtout orientés vers des ONG qui étaient là généralement pour soutenir les collectivités dans les actions de développement, comme la réalisation d’infrastructures communautaires ou des activités sociales.
Quel sont les rapports actuels entre l’État et les ONG ?
Ces ONG continuent d’évoluer. Récemment, on a une réunion de coordination autour des sites de Bamako, où il y a beaucoup d’ONG qui ont des staffs français et qui ont leur siège social en France. Mais ce n’est pas un problème, parce que les ONG sont là pour soutenir le gouvernement dans la protection générale de sa population. Il n’y a pas de rapport ambigu. Ces ONG continuent d’évoluer normalement, même si certaines ont quand même dû libérer un certain nombre de personnes parce qu’à leur niveau le recrutement est lié à des financements.
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