Entre les autorités de Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), les relations se sont graduellement dégradées au fil de la Transition.
Avant de se dégrader, les relations entre les ex-rebelles et les autorités transitoires n’étaient pas aussi tendues qu’elles le sont aujourd’hui. En octobre 2020, à la suite de la formation du premier gouvernement, dirigé alors par le Premier ministre Moctar Ouane, et pour laquelle elle avait été d’ailleurs consultée, la CMA exprimait son soutien aux nouvelles autorités.
Le premier couac interviendra en décembre 2020. Mécontente du quota qui lui a été attribué au Conseil national de Transition (CNT), la CMA décide de surseoir à sa participation à l’organe législatif.
Par la suite, lors de la « rectification » de la Transition en mai 2021, après le renversement de Bah N’daw, elle fait le choix de ne pas accompagner la Transition du Président Assimi Goïta, demandant un consensus, notamment autour des dispositions de mise en œuvre de l’Accord pour la paix.
En décembre 2022, la CMA suspend sa participation aux mécanismes de mise en œuvre de l’Accord, après avoir demandé en vain la tenue d’une réunion en terrain neutre pour discuter de sa viabilité. Elle pointe du doigt « l’absence persistante de volonté politique des autorités de transition d’appliquer l’Accord » et « l’inertie de celles-ci face aux défis sécuritaires ayant occasionné des centaines de morts ».
Le 28 janvier 2023, la CMA annonce ne pas prendre pas part à la commission chargée de la finalisation du projet de nouvelle Constitution, tout en se démarquant des déclarations « unilatérales » du ministre Abdoulaye Diop à la tribune des Nations unies, la veille, parlant « d’élans freinés dans la mise en œuvre de l’Accord par les mouvements signataires ».
Dans la foulée, le 24 février 2023, dans une lettre confidentielle des autorités de transition adressée au chef de l’équipe de la Médiation internationale, le gouvernement revient à la charge et accuse la CMA de représenter un « frein à la paix ». Pour les représentants de la Coordination des ex-rebelles, cette sortie est une « menace à peine dissimulée ».
3 jours après la tenue du scrutin référendaire du 18 juin, la CMA et d’autres mouvements armés, réunis au sein du Cadre stratégique permanent (CSP-PSD) rejettent le nouveau texte constitutionnel, dénonçant des « irrégularités qui ont entaché tout le processus de cette Constitution, qui n’est ni inclusive ni consensuelle ».
Début août dernier, les représentants de la CMA à Bamako quittent la capitale, la direction de la Coordination estimant qu’ils n’y étaient plus en sécurité et que les raisons de leur présence étaient « entièrement compromises ». Dans un communiqué publié hier dimanche 10 septembre, le CSP-PSD déclare adopter dorénavant toutes mesures de légitime défense contre les autorités de la transition. Le mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA), et la Plateforme des mouvements du 14 juin se sont désolidarisés du communiqué, même Fahad Ag Almahmoud assure toujours s’exprimer au nom de la Plateforme. Samedi 9 septembre, la CMA a annoncé avoir abattu un avion des FAMa. Le chef d’état-major de l’armée de l’air a démenti, évoquant plutot un problème technique qui a conduit au crash de l’aéronef. La mission a été menée à bien a t-il assuré. « Les pilotes se sont éjectés et ont été récupérés par une unité dans un milieu très hostile » a t-il déclaré sur l’ORTM.