Le Mali a célébré ce 11 novembre 2022 la première journée nationale des légitimités traditionnelles. Premier maillon de l’administration et relais incontournables entre les autorités et les populations, elles étaient devenues « aphones » de l’avis de certains. Alors qu’« il ne peut y avoir de développement harmonieux et durable sans la prise en compte des valeurs culturelles fondatrices de notre société », avait alors estimé le président de la transition qui par décret le 4 mars 2022 avait institué cette journée.
Le Mali pourra alors renaître de « ses cendres lorsque les Maliens retrouveront leurs valeurs ancestrales » a relevé pour sa part le Premier ministre par intérim. Faire de nos valeurs endogènes le ciment de la refondation du pays, pour retrouver une nation profondément ancrée dans ses valeurs, c’est donc le sens de cette journée.
Le rôle des légitimités traditionnelles dans la gouvernance et l’équilibre social n’est plus à démontrer et l’objectif est d’aboutir à une meilleure exploitation de leur système de gouvernance afin de promouvoir la paix et le vivre ensemble et soutenir la refondation de l’Etat. Interlocuteurs incontournables de l’Etat et des autres acteurs de développement, elles jouent un rôle essentiel dans les activités de développement. Il s’agit donc de les impliquer dans les prises de décision en ce qui concerne les questions de paix et de développement.
A cet effet, les préfets et sous-préfets ont été autoriser à instaurer des cadres d’échange formel devant se tenir chaque trimestre et chaque fois en cas de besoin.
Mieux s’ancrer pour préparer le futur
La chefferie traditionnelle peut constituer « un bon levier pour la gestion et la bonne gouvernance », relève par ailleurs les représentants de cette autorité morale. Elle est même le socle du « développement durable », à condition que le savoir-faire dont elle dispose soit exploitée à bon escient. Il s’agit de faire usage notamment des outils de sensibilisation dont ces autorités ont la connaissance et la maîtrise. L’essentiel étant de garder « nos repères : le travail bien fait et l’honnêteté », a dit le porte-parole des familles fondatrices de Bamako.
Il est urgent que les autorités traditionnelles s’entendent avec l’administration et échangent sur les problèmes essentiels. L’autorité morale doit insister sur l’éducation. Parce qu’un déficit d’éducation conduit inévitablement à des problèmes de développement. Les enfants ont donc besoin de repères.
Les chefs traditionnels après avoir exprimé leur gratitude ont demandé la prise en charge du rôle et de la responsabilité des légitimités traditionnelles dans la nouvelle constitution et son érection en haute autorité traditionnelle, avant de promettre un développement local inclusif, endogène, durable et efficace dans un esprit de paix sociale et de complémentarité.
Long processus de reconnaissance et de valorisation des autorités qui ont représenté l’Etat pour incarner une « gouvernance inclusive », il faut maintenant tirer les leçons du passé et se projeter . Les légitimités traditionnelles incarnaient une société « hiérarchisée et codifiée autour de valeurs ancestrales qui constituent les socles des rapports individuels et collectifs ». Des institutions qui ont joué un rôle de structuration en assumant le vivre ensemble entre des populations aux coutumes diverses et variées.
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